top of page

Cadre théorique

 

Lac-Mégantic, c’est un drame humain et écologique, mais aussi un drame urbain. Une perte de la ville telle qu’elle était connue avant.

 

Une chercheuse et professeure au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM, Yona Jebrak dit que «L'événement ne va jamais disparaître, mais la manière dont il sera intégré dans l'histoire de la ville sera une marque de résilience.» 

 

 

Qu’est-ce que la résilience urbaine?

 

 

La résilience se définit comme un processus plutôt que comme une finalité. Elle est le phénomène de reconstruction de l’identité de la ville passant par l’engagement commun dans le projet de reconstruction de la forme urbaine. Le concept de résilience se définit en rapport avec la notion, certes de reconstruction, mais d’abord de rétablissement de la ville. Ainsi, on ne peut établir qu’une ville est résiliente qu’à posteriori. C’est en analysant sa réponse à un choc et la façon dont elle a su dépasser un état de crise collectivement que l’on peut véritablement le constater.

 

Certaines études considèrent la résilience urbaine comme un élément désirable pour la ville, car c’est une propriété qui permet de réduire la vulnérabilité aux catastrophes. Comme la résilience ne se révèle qu’en réaction à un phénomène extrême, certains experts hésitent à la voir comme un élément positif.

 

La complexité de la reconstruction tient notamment dans la superposition des temps. D’une part, l’urgence d’offrir des locaux de relocalisation et d’autre, la nécessité de prendre le temps et les mesures afin d’organiser une nouvelle ville à long terme. 

 

Selon Vale et Campanella, le processus de reconstruction suit un modèle de rétablissement des activités qui se divisent en quatre phases. D’abord, la réponse à l’urgence. Il s’agit de la façon dont la ville va réagir en direct à la catastrophe. Les activités normales sont cessées et l’état d’urgence est déclaré, cette période dure de quelques jours à quelques mois. S’en suit, l’état de rétablissement. C’est le retour en fonction de la majorité des services et du transport. Les reconstructions les plus urgentes sont effectuées et un plan est mis en place pour amorcer les deux dernières phases, soit celles de la reconstruction. Dans un premier temps, la ville se rétablit et retourne au même niveau que celui à laquelle elle était avant la catastrophe pour ensuite la transcender et améliorer le modèle connu. Ces différentes étapes permettent de rétablir, progressivement, une normalité. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est possible de constater à la lumière de cette analyse que la reconstruction de la ville du Lac-Mégantic se situe présentement entre la phase de rétablissement et celle de la reconstruction qui débutera officiellement aussitôt que le plan directeur sera finalisé et que la construction des nouveaux bâtiments sera entamée. 

 

 

La catastrophe, une perte d’identité

 

 

La ville, à la base, est construite pour durer, la catastrophe y est un élément non prévu et la population n’y est pas préparé. Lorsqu’elle arrive, un processus de deuil s’entame. La vie doit continuer malgré le deuil et on constate qu’à Lac-Mégantic, plusieurs mesures sont mises en place pour y arriver, l’aide financière des gouvernements et des organismes humanitaires est, en ce sens, essentielle. 

 

La reconstruction du Lac-Mégantic dépasse la simple démarche pragmatique destinée à rétablir un cadre bâti, elle est issue, principalement à travers la démarche de participation publique de Réinventer la ville, d’un ensemble de discours desquels ressortent des représentations de la ville d’avant et à reconstruire.

 

Voir le milieu auquel on appartient et s’identifie être détruit en l’espace d’une nuit, c’est en même temps y perdre une partie de soi. La catastrophe cause des dommages physiques, mais bien plus encore une perte identitaire. Il faut accepter qu’il y a rupture et faire le deuil de la ville détruite. La reconstruction doit passer par celle d’un paysage urbain. 

 

 

Les dimensions de la reconstruction

 

 

Afin d’être résiliente, selon Jebrak, une reconstruction urbaine doit inclure cinq dimensions. La  dimension institutionnelle et politique s’ancre dans le temps court de la reconstruction. Elle favorise l’implication d’acteurs locaux dans le processus et s’exprime par la mise en place de mesures politiques, économiques et sociales. La dimension iconographique représente l’émotion collective. Elle est le désir de se rappeler de la catastrophe et de la rendre tangible par un équivalent iconique le vide laissé par la catastrophe. L’existence, l’établissement et la pérennité de la mémoire, collective et individuellement, du lieu fait partie de la dimension mémorielle. La dimension morphologique et typologique présente le cadre bâti comme porteur d’une mémoire. Comme Lynch le dit, les individus développent une sensibilité géographique face à leur environnement bâti. La récupération des repères permet de transposer l’identité au travers la forme urbaine.  Finalement, la dimension patrimoniale est ce qu’un groupe décide de laisser en héritage aux prochains. 

 

 

La transmission de l’identité

 

 

La ville peut, au travers son processus de reconstruction, conserver son identité par l’engagement de la communauté autour de ce projet commun. La participation citoyenne, dans le cas de Lac-Mégantic, permet la mise en place d’un passé commun qui permet la création et la consolidation d’une vision commune. Les espaces publics sont des lieux forts dans un projet de reconstruction. À la fois fonctionnels, identitaires et appropriables, ils permettent de faire le lien avec l’aspect symbolique de la reconstruction. Le processus de reconstruction en temps long avec implication citoyenne permet de s’assurer que le paysage reconstruit sera transmis positivement aux générations futures. 

Analyse de la reconstruction du Lac Mégantic. Catherine D'Amboise, Julien Landry, Laurence St-Jean, Gabrielle Turcotte. 

Concepts et méthodes en Design urbain. École d'architecture de l'Uninversité Laval

bottom of page